La France est pionnière dans le domaine des labels alimentaires. Dès le début du XXème siècle, notre pays a cherché à mettre en valeur et protéger ses produits régionaux. Depuis, l’Europe et le monde entier nous ont emboîté le pas. Avec la multiplication des labels liés au bio, les “signes officiels de qualité”, les “mentions valorisantes”, il est souvent difficile de s’y retrouver. On vous propose un petit tour d’horizon pour y voir plus clair en rayon.
Sommaire- Agriculture Biologique et Eurofeuille
- Bio Cohérence
- Nature & Progrès
- Demeter
- Bio Equitable en France
- Haute Valeur Environnementale
- Fairtrade Max Havelaar
- Équitable & Bio
- Rainforest Alliance
- Pêche durable MSC / ASC
- Ecolabel Pêche Durable
- Pêche responsable
- Pavillon France
- AOP et AOC
- IGP
- STG
- Viandes de France
- Origine France garantie
50 nuances de bio
1. Agriculture Biologique et Eurofeuille
Quand on parle de produits “bio” tout court, c’est généralement à ces labels que l’on fait référence. Le label Agriculture Biologique (AB) est français, et le logo Eurofeuille correspond à son équivalent européen depuis 2010.
Les produits bio, ce sont avant tout des produits sans pesticides chimiques. Les cultures ne sont pas traitées, ni avant, ni après la récolte. Concernant la viande et le lait, si c’est bio, c’est que les animaux n’ont pas été nourris avec des produits traités aux pesticides. Ils n’ont pas non plus subi de traitement hormonal. Le bio exclut aussi les OGM, qui peuvent tout de même être présents à petite dose (moins de 0,9%).
Il existe deux limites importantes à connaître :
- un produit transformé peut porter le label AB ou Eurofeuille s’il contient jusqu’à 5% d’ingrédients non bio
- depuis 2010, il est possible de faire à la fois du bio et du non bio sur la même exploitation
Pour résumer, le label AB et son équivalent européen sont LA référence en termes de bio, et connus du grand public. Cependant, ce ne sont pas les plus contraignants.
2. Bio Cohérence
Quand on parle de labels, il est important de faire converger les différentes normes, pour ne pas embrouiller le grand public (nous). Mais parfois, ça se fait au prix d’un relâchement des contraintes. C’est ce qui s’est passé en 2010, lorsque le label AB a été harmonisé au niveau européen. C’est pourquoi le label Bio Cohérence a été créé : maintenir le niveau d’exigence du bio d’avant 2010.
Un produit transformé ne peut porter ce label que s’il comporte 100% d’ingrédients bio (plutôt que 95%). Et la quantité maximale d’OGM est abaissée à 0,1% (plutôt que 0,9%). Par ailleurs, une exploitation qui revendique le label Bio Cohérence ne doit produire que du bio. Ce label comprend aussi un volet local : les ingrédients doivent être français (quand c’est possible) et les produits 100% fabriqués en France.
Bio Cohérence, c’est donc plus bio que bio, et local !
3. Nature & Progrès
Ce label est un des pionniers du bio, il date de 1971. Le logo est d’ailleurs un peu old school. Il est théoriquement indépendant du label européen, mais dans les faits il est plus exigeant sur tous les plans : 0% d’OGM, pas d’huile de palme, des exploitations 100% bio, et une contrainte sur la taille maximum des fermes. Un label d’excellence, donc !
4. Demeter
Demeter est la déesse de l’agriculture chez les Grecs. Or les Grecs de l’Antiquité n’avaient pas encore découvert les pesticides chimiques ni les OGM. Logique donc que ce nom ait été retenu pour un label bio très respectueux de l’environnement.
Inspiré de la biodynamie, ce label accorde une place centrale au soin des sols. Ils doivent être nourris avec des produits naturels tels que la bouse de corne, le compost de bouse, et ce afin de maintenir un sol vivant. Le label Demeter s’intéresse aussi au bien-être animal. Les bêtes doivent être nourries à 80% de produits de la ferme où elles sont élevées, se reproduire naturellement et ne doivent pas êtres écornées.
5. Bio Equitable en France
Ce label né en 2020 associe des critères bio stricts à un principe de juste rémunération des producteurs. On le trouve sur certains produits de la marque Prosain, par exemple.
6. Haute Valeur Environnementale
Ce label n’est pas strictement bio, mais il a été conçu comme un intermédiaire vers le bio. Il est très répandu dans la viticulture. Hélas il est aussi très controversé, à cause de ses critères peu contraignants. La quantité de pesticides permise est par exemple bien au-dessus de la moyenne nationale des exploitations viticoles. N’est pas bio qui veut ! Chez Good marché, on a fait le choix de vous proposer des vins vraiment bio, dont l’impact positif sur la nature et la santé est bien réel.
Le commerce équitable
Il n’existe pas de label équitable public. Ces labels créés par des associations ou entreprises sont tout aussi fiables, car accessibles à toutes les entreprises prêtes à respecter ces exigences, et contrôlés par des organismes indépendants.
1. Fairtrade Max Havelaar
Si vous pensez que Max Havelaar était un gardien de but de l’Ajax Amsterdam dans les années 70, c’est raté. C’est un roman néerlandais du 19ème siècle qui dénonce la condition du paysan javanais dans les colonies. Ce roman a donné son nom à une association présente dans le monde entier et à son label, le plus répandu du commerce équitable.
Le label garantit un prix d’achat minimum aux producteurs du Sud pour leur assurer une certaine autonomie. Le produit doit par ailleurs avoir été réalisé ou récolté dans des conditions respectueuses des droits de l’Homme. Ce label assure également des garanties environnementales : pas d’OGM, usage raisonné des pesticides, gestion durable du sol et de l’eau, etc.
Produit emblématique des échanges Nord-Sud, certains chocolats sont labellisés Fairtrade Max Havelaar.
2. Équitable & Bio
Comme son nom l’indique, ce label s’adresse à ceux qui veulent promouvoir des modes de production bons pour la santé, la nature, et les Hommes. En tant que label équitable, il possède plusieurs points communs avec Fairtrade Max Havelaar : prix rémunérateur pour les producteurs, garanties sociales, gestion participative… mais ce label est réservé à l’agriculture bio. Là encore, on trouve son logo sur les meilleures tablettes de chocolat.
3. Rainforest Alliance
L’objectif initial de ce label vise à limiter la déforestation de la forêt tropicale et les impacts sur sa faune. Il comprend donc des interdictions de détruire la forêt tropicale, de chasser des animaux sauvages, de rejeter les déchets dans les réseaux hydrauliques naturels, et il bannit un certain nombre de produits chimiques. Cependant, ses critères sociaux sont peu contraignants, il n’y a pas de prix d’achat minimum garanti.
Ce label a été très critiqué pour son manque de transparence et ses méthodes de contrôle peu strictes.
Pour une présentation plus détaillée des labels du commerce équitable, Commerce Equitable France a publié un comparatif très complet.
Et la pêche ?
Le documentaire Seaspiracy : La pêche en question sorti en 2021 sur Netflix met en évidence la difficulté d’une labellisation efficace et transparente de la pêche. Il est clairement plus dur de contrôler la conformité d’un bateau au large, que celle d’une exploitation agricole. Néanmoins des labels existent, ils ont pour but de favoriser le renouvellement des populations de poissons et une dégradation moindre des milieux marins. Mais la capacité de contrôle des organisations qui gèrent ces labels pose toujours question.
1. Pêche durable MSC / ASC
Il s’agit du label le plus répandu parmi les produits de la pêche. Il impose des critères sur les stocks de poissons : bonne santé, et stock bien géré, donc avec un renouvellement suffisant des populations. Pour bénéficier de ce label, la technique pêche doit aussi avoir un impact limité sur l’écosystème, c’est-à-dire sur les fonds marins, les autres espèces que celle visée, etc.
Ce label ne comporte pas de critères sociaux, et il est parfois critiqué car son obtention est payante. Ce qui dissuade les petits pêcheurs, et induit des conflits d’intérêt.
Le label MSC (Marine Stewardship Council) s’applique à la pêche des espèces sauvages. Il a été décliné pour l’élevage, c’est le label ASC (Aquaculture Stewardship Council). Celui-ci concerne des espèces comme le saumon, la truite et les crevettes. Le label ASC comporte des critères d’efficacité énergétique pour les élevages labellisés.
2. Ecolabel Pêche Durable
Afin de proposer une alternative publique aux labels déjà existants, la France a lancé l’écolabel “Pêche Durable” depuis quelques années. Sa complexité est pour l’instant un frein à sa diffusion.
3. Pêche responsable
Il existe aussi une certification “pêche responsable”. Contrôlée par Bureau Veritas, elle ne souffre pas trop de critiques de ce point de vue-là. Côté critères, on trouve quatre catégories : qualité des produits, gestion des ressources marines, exigences sociales, et transparence. Ce label traduit donc une volonté des marques de mesurer l’impact de leur activité. Un produit labellisé “pêche responsable” est au-dessus des standards du marché, mais ça ne garantit pas que l’impact de sa production est vraiment durable.
4. Pavillon France
Ce label s’applique aux produits pêchés sur un bateau français. Il garantit donc une traçabilité des produits de la pêche à la consommation, mais il ne comporte aucune contrainte sur l’aspect durable de la pêche.
Les labels géographiques
1. AOP et AOC
AOP signifie Appellation d’Origine Protégée, et AOC signifie Appellation d’Origine Contrôlée. Les AOP ont pris le relais au niveau européen des AOC, sauf pour trois types de produits : les vins, les cidres, et les eaux-de-vie.
Ces appellations garantissent que toutes les étapes (production, transformation, élaboration) sont réalisées selon un savoir-faire reconnu dans une aire géographique déterminée, qui donne ses caractéristiques au produit. C’est le cas par exemple du camembert de Normandie et du piment d’Espelette. Il faut cependant être attentif aux cahiers des charges de ces appellations qui trahissent parfois le savoir-faire traditionnel. Ainsi, l’utilisation de lait pasteurisé a été envisagée pour le camembert de Normandie, alors que celui-ci est traditionnellement fabriqué à partir de lait cru.
2. IGP
L’Indication Géographique Protégée est valable au niveau européen. Elle est moins stricte que l’AOP : seule une des étapes (production, transformation, élaboration) doit avoir été réalisée sur le territoire mentionné. Le sel de Guérande bénéficie par exemple d’une IGP.
3. STG
La Spécialité Traditionnelle Garantie labellise une recette ou un mode de production traditionnel, mais pas une origine géographique à proprement parler. Avec la bonne recette et les bons ingrédients, vous pouvez bénéficier d’une STG en fabriquant de la mozzarella en France.
4. Viandes de France
Comme son nom l’indique, ce label s’applique à la viande. Il se décline en “Porc français”, “Viande bovine française”, etc. Pour en bénéficier, il faut que la viande soit issue d’animaux nés, élevés, abattus, découpés et transformés en France. Le label inclut aussi des critères environnementaux et sur le bien-être animal. En revanche, comme l’alimentation des animaux n’y est pas spécifiée, ce n’est pas un label qui donne une idée de la qualité de la viande.
5. Origine France garantie
Le périmètre de ce label va bien au-delà de l’alimentation, il s’applique à des habits, des appareils électriques… Il se compose de deux critères principaux :
- entre 50% et 100% du prix de revient unitaire est français
- le produit prend ses caractéristiques essentielles en France
Pour un produit alimentaire transformé, cela signifie par exemple que l’ingrédient principal doit être d’origine française, mais pas forcément tous les ingrédients. La préparation et le conditionnement doivent aussi avoir lieu en France.
En plus des labels présentés dans cet article, il existe de nombreuses règles d’étiquetage relatives aux aliments sans gluten, ou encore végans.