Zéro déchet : le guide pour consommer léger

Réduire la quantité de déchets que l’on produit chez soi est devenu une nécessité. Qui n’a pas vu ces terribles images sous-marines d’animaux pris au piège par des morceaux de plastique intacts après des milliers de kilomètres de dérive ? Si l’on n’y prend pas garde, les déchets que l’on produit finissent dans la nature et peuvent mettre des milliers d’années à se dégrader. Mais en même temps, c’est compliqué de se mobiliser à une échelle individuelle, on ne trouve pas forcément que des produits durables dans les magasins. On vous donne quelques conseils pratiques pour réduire facilement votre quantité de déchets, et qui sait, peut-être atteindre un jour l’objectif zéro déchet !

Réduire ses déchets, pourquoi et comment ?

1. La nature est de plus en plus polluée
2. Le recyclage ne suffit pas
3. Les 5 R du zéro déchet

Halte au suremballage

1. Acheter en vrac
2. Privilégier les gros conditionnements
3. Remplacer le film alimentaire et le papier aluminium
4. Les cosmétiques s’y mettent

Le jetable, c’est du passé

1. La bouteille plastique, cette relique
2. Éponges et cotons, priorité au lavable
3. Faire la vaisselle, un éco-geste
4. Pour filtrer l’eau, place au charbon
5. Les habits ont plusieurs vies
6. Compost, mode d’emploi

Réduire ses déchets, pourquoi et comment ?

1.La nature est de plus en plus polluée

Chaque année, en France, chaque habitant produit plus de 500 kg de déchets ménagers. C’est un peu au-dessus de la moyenne en Europe. Sur cette demi-tonne, moins de 40% est recyclé. Il reste donc 300 kg de déchets par personne à évacuer quelque part. Imaginez si on les stockait dans votre cave, elle serait vite remplie ! Une partie est incinérée, une autre est enfouie et une partie finit immanquablement dans la nature. Au niveau mondial, on estime que ce sont chaque année 8 millions de tonnes de plastique qui finissent dans l’océan. À tel point qu’il existe aujourd’hui un “continent de plastique” dans le Pacifique, trois fois plus étendu que la France. Pas la meilleure destination de vacances…

• Un mouchoir : 3 mois
• Un chewing-gum : 5 ans
• Une bouteille en plastique : entre 100 et 1000 ans
• Un sac en plastique : 400 ans
• Un morceau de polystyrène : 1000 ans

Pour enrayer cette dynamique, il existe plusieurs approches, mais la plus efficace est aussi la plus simple : réduire la quantité de déchets produits !

2. Le recyclage ne suffit pas

La possibilité de pratiquer le tri sélectif en France permet à tout un chacun de mettre de côté le verre, les boîtes de conserve, les emballages en carton, etc. Mais le taux de recyclage est très variable selon les matières. En 2020, les chiffres pour les déchets ménagers étaient les suivants :

• Acier : 100% de recyclage
• Aluminium : 48%
• Papier-carton : 64%
• Plastique : 28%
• Verre : 85%

On le voit, le geste du tri a beau être maintenant bien ancré dans les habitudes, on n’atteindra jamais un taux de recyclage de 100%. Et quand bien même ce taux serait plus élevé, tout n’est pas recyclable indéfiniment. Une bouteille en plastique PET, par exemple, ne peut être recyclée que deux, voire trois fois. Ensuite, elle n’est plus bonne à rien. Et à chaque cycle, il faut collecter les bouteilles, les trier, les chauffer, les transporter… tout cela demande de l’énergie et produit inévitablement des gaz à effet de serre.

Alors évidemment on vous encourage à trier vos déchets, mais on vous rappelle ce principe important : “le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas”.

3. Les 5 R du zéro déchet

On vient de dresser un portrait un peu sombre de l’état de nos poubelles, mais heureusement, il existe des moyens d’action au quotidien. Suivez les “5 R” :

• Refuser. Prospectus, goodies, catalogues gratuits, sac à la caisse… À chaque fois que vous dites non à un objet qui va finir à la poubelle en moins d’une heure, vous faites un petit pas dans la bonne direction. Au fait, vous avez déjà un autocollant “stop pub” sur votre boîte aux lettres ?
• Réduire. Emporter un sac en tissu quand on fait les courses, une boîte lavable quand on achète son déjeuner à emporter, ou aller chez des commerçants qui consignent leurs contenants, voilà autant de manière simple de réduire ses déchets. C’est un réflexe à prendre.
• Réutiliser. En privilégiant les produits réutilisables plutôt que jetables, on divise d’autant l’impact environnemental de notre consommation. Et au passage, on peut faire de belles économies en apprenant à réparer son lave-linge ou son fer à repasser, plutôt que d’en changer à la première panne.
• Redonner (à la terre). Hop hop hop, les épluchures, c’est au compost ! Votre petit plant de tomates malingre sur le balcon vous remerciera.
• Recycler. Comme on ne peut pas toujours éviter un déchet, mettons-le au moins dans la bonne poubelle. Et puis franchement, vider un sac de bouteilles vides dans le container un lendemain de fête, ça fait partie des petits plaisirs de la vie.

Halte au suremballage

Une barquette en plastique, entourée d’un sachet plastique, lui-même glissé dans une boîte en carton, ça vous semble un peu excessif ? Une pomme vendue dans un film plastique, ça vous choque ? Alors vous êtes mûr pour dire non au suremballage !

1. Acheter en vrac

De plus en plus de commerçants proposent des produits en vrac. Ça a commencé avec les fruits et les légumes, mais aujourd’hui on trouve de l’huile en vrac, du vin, des graines, des pâtes... Le principe est simple : le contenant est réutilisable, et vous payez au poids, pour la quantité que vous achetez. Ça permet de réduire considérablement la quantité de déchets en faisant disparaître les emballages jetables.

2. Privilégier les gros conditionnements

Le riz bien précis que vous cherchez n’est pas disponible en vrac ? Alors privilégiez un grand paquet. Plutôt que de racheter un sachet de 250g toutes les semaines, un sachet d’1kg vous tiendra tout le mois. Et ça représente un seul emballage au lieu de quatre.

3. Remplacer le film alimentaire et le papier aluminium

En France, le papier aluminium n’est pas recyclé, et le film alimentaire non plus. Alors on achète un rouleau, on découpe, on jette, et on rachète un nouveau rouleau. Est-ce qu’il n’existerait pas une méthode plus durable ? Si, bien sûr. Pour conserver ses restes alimentaires au frigo, on privilégie les boîtes hermétiques, de préférence en verre. Et pour protéger un fruit entamé ou un saladier, on opte pour le bee wrap, un tissu imprégné de cire d’abeille, et lavable bien sûr.

4. Les cosmétiques s’y mettent

Quand on pense cosmétiques, on pense tubes, flacons, tout petits pots… bref, pas zéro déchet. Heureusement certaines marques ont compris que la planète avait elle aussi besoin de se faire belle, ou plutôt de le rester. Alors on oublie le plastique, et on dit vive le carton ! Pour ça, direction les produits Les Petits Prodiges, Les Petits Bidons, ou encore APO. APO fabrique même des éponges konjac biodégradables.

Le jetable, c’est du passé

Tout comme les appareils photo jetables sont une espèce en voie de disparition, la clé du zéro déchet est dans la réutilisation des objets, conçus pour durer.

1. La bouteille plastique, cette relique

Les bouteilles en plastique que l’on achète dans le commerce sont généralement recyclables, mais elles n’ont pas été conçues pour être réutilisées de nombreuses fois. Au bout d’un certain nombre de remplissages, vous allez commencer à boire des infusions de micro-plastiques. Miam ! Non, la vraie bonne idée pour arrêter les bouteilles, c’est la gourde. On l’utilise bien en randonnée, alors pourquoi pas au bureau ? On en trouve des modèles en verre, et aussi en inox, pour un style moderne.

2. Eponges et cotons, priorité au lavable

À quelle fréquence vous jetez vos éponges ? Si vous ne voulez pas qu’elles se transforment en cultures de bactéries, directement sur le bord de votre évier, il faudrait les jeter toutes les semaines ! Et ça, c’est ni zéro déchet, ni zéro budget. Alors maintenant on passe à l’éponge lavable. Elle tient 52 fois plus longtemps (un an, donc). Moins de bactéries, moins de déchets, ça y est, on est sur la bonne voie. Dans la même famille, les cotons démaquillants, et même les cotons-tiges sont aussi passés au lavable !

3. Faire la vaisselle, un éco-geste

Quel plus grand plaisir en été que de siroter une boisson fraîche dans un grand verre avec une paille ? Oui, sinon on se cogne les dents sur les glaçons, et c’est pas agréable du tout. Mais non, rappelez-vous, les pailles, le plastique jetable, l’océan, les tortues… La solution tient en deux mots : paille lavable ! Il en existe en métal et en bambou, avec bien sûr le petit goupillon de lavage pour aller déloger ce maudit pépin de citron qui s’est coincé au fond. Longue vie aux apéros zéro déchet ! Et bien sûr, il ne faut pas se contenter de laver les pailles, il faut aussi bannir les assiettes et couverts jetables.

4. Pour filtrer l’eau, place au charbon

L’eau du robinet, selon les villes et selon les goûts, peut nécessiter un filtrage. Pour ça il existe des carafes en plastique dotées d’un filtre à changer régulièrement. Ou alors il existe un produit 100% naturel, qui finit dans le compost une fois qu’il ne sert plus : le charbon actif de bois ! Le mode d’emploi est tellement simple que ça en est suspect : à la première utilisation on fait bouillir le morceau de charbon, puis on le place quelques heures dans une carafe pour en purifier l’eau. Et c’est tout ! Selon l’utilisation que vous en faites, il faut refaire bouillir le charbon au bout d’un à trois mois pour qu’il retrouve son efficacité. Un simple bâton peut être utilisé jusqu’à six mois.

5. Les habits ont plusieurs vies

L’industrie de la mode fait partie des plus polluantes de notre société. La fabrication des habits nécessite de grands volumes d’eau, les colorants sont souvent toxiques, les filières de recyclage inexistantes… bref, c’est pas joli à voir. Mais s’habiller, comme manger, est un besoin dont on peut difficilement se défaire, à moins d’habiter sous les tropiques. Et encore, c’est mal vu. Alors on pense seconde main ! Si vous ne portez plus un habit, mais qu’il est en bon état, donnez-le, il fera le bonheur de quelqu’un d’autre. Et si vous êtes amateur de fringues vintage, les friperies seront votre terrain de jeu. Les habits de seconde main sont aujourd’hui accessibles en quelques clics, sur Vinted, Percentil, Label Emmaüs, Vide-Dressing...

6. Compost, mode d’emploi

Là on arrive au niveau “avancé” du zéro déchet. Vous achetez en vrac, vous n’utilisez aucun produit jetable, vous êtes un pro de la réparation. Oui mais vous ne mangez toujours pas la coquille des noix (ne le faites pas) ! Les déchets végétaux sont pour la plupart compostables. C’est-à-dire qu’ils se détériorent naturellement, avec l’aide des animaux qui vivent dans le sol. Et on peut faire de l’engrais à partir des résidus de ces déchets. Bac au fond du jardin pour ceux qui en ont un, ou lombricomposteur dans la cuisine, le compost, on peut tous s’y mettre.

Pour ceux qui voudraient creuser l’une des thématiques du zéro déchet en particulier, on peut vous conseiller les livres suivants :

• Cosmétiques : tout faire soi-même de Raphaële Vidaling
• Ma cuisine zéro déchet - 120 recettes sans rien jeter de Delphine Brunet et Eric Fénot
• Le plastique, c'est pas automatique de Sophie Noucher
• Compost facile, ouvrage collectif